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Tables de plongée de Haldane, 1908

Tables de plongée de Haldane

Prévention de la maladie de décompression

En juin 1908 paraissait, dans The Journal of Hygiene (Cambridge University Press) un texte de cent pages, aujourd’hui devenu culte, intitulé The Prevention of Compressed-air Illness. Cette publication allait bouleverser, dès sa parution, les modalités de la décompression en plongée.

John Scott Haldane, en collaboration avec A.E. Boycott et G.C.C. Damant, venait d’établir les premières tables de plongée, ouvrant ainsi la voie à une décompression plus sûre, dans la droite ligne des travaux de Paul Bert (La Pression barométrique) publiés trente ans plus tôt.
Ce livre est la traduction française de cette publication fondatrice augmentée d’une introduction sur l’histoire de la décompression (désaturation).

La presse en parle

Souvent évoqué, ce texte fondateur demeurait pourtant mal connu et, osons le dire, était la plupart du temps évoqué à tort et à travers […]. Le mérite d’Alain Foret est d’avoir pris le sujet à bras-le-corps en allant au fond des choses. […] Saluons également l’introduction, remarquable d’intérêt et de concision.
Subaqua – Revue de la FFESSM

Contexte

C’est entre 1905 et 1908 que Haldane s’intéresse à la plongée comme objet de recherche scientifique. Nommé membre de l’Admiralty Committee on Deep-Water Diving, l’Amirauté compte sur ses grandes connaissances sur les gaz et la respiration pour résoudre les problèmes de la plongée profonde. Pour réaliser ses expérimentations, John Scott Haldane s’entoure du Dr A. E. Boycott et du Lieutenant G. C. C. Damant.

Pour Haldane, le principal défi est de trouver un autre moyen qu’une « décompression lente et uniforme » pour éviter le risque de formation de bulles pathogènes à la remontée. En 1905, c’est la seule solution proposée :

Cette approche n’est pas satisfaisante car :

Or, le courrier de la Royal Navy de 1905 est sans ambigüité : en créant une commission sur la plongée profonde, elle souhaite qu’une solution fiable et opérationnelle soit trouvée pour les plongées jusqu’à 55/60 m. Haldane doit donc être innovant et trouver un autre procédé.

Analyse faite par Haldane

Dans un premier temps, Haldane combat, sur le plan scientifique, le principe même des remontées lentes et uniformes : « Pour éviter le risque de formation de bulles lors de la décompression, il était recommandé jusqu’ici que celle-ci soit aussi lente et uniforme que possible. »  Il démontre que, pour les plongées profondes, une « décompression uniforme à ce rythme, déjà dangereuse pour les chèvres, serait sans doute extrêmement dangereuse pour les hommes, qui désaturent nettement plus lentement que les chèvres ».

Haldane tente ensuite de trouver une nouvelle méthode de décompression (désaturation). Sa réflexion s’appuie sur un constat unanimement partagé à l’époque y compris par Paul Bert : « Ceux qui ont l’expérience du travail dans de l’air comprimé le savent bien, il n’y a pas de risque de mal des caissons, même avec une remontée très rapide, pourvu que la pression atteinte ne dépasse pas une certaine valeur. Il semble parfaitement clair qu’aucun symptôme n’apparaît lorsque la pression relative est inférieure à une atmosphère [10 mètres de profondeur], quelle que soit la durée d’exposition. » Dit autrement, Haldane constate qu’il est possible de passer de 2 bars (10 m de profondeur) à 1 bar (niveau de la mer) sans risque quelle que soit la durée d’exposition.

Il va alors étendre ce raisonnement à toutes les zones de profondeur : « Par conséquent, il semble probable que, si une décompression brusque de deux atmosphères de pression absolue à une est sans danger, il doit en être de même de quatre atmosphères absolues à deux, de six atmosphères absolues à trois, etcNos expériences, décrites en détail plus loin, ont montré que c’était le cas. Le processus de désaturation peut, par conséquent, être très fortement accéléré en réduisant rapidement la pression absolue de moitié, et en faisant en sorte que, pour le reste de la décompression, la saturation ne puisse jamais atteindre, dans aucune partie du corps, plus du double de la pression de l’air. Le principal avantage de cette méthode est que, dès le début de la décompression, l’élimination d’azote par les tissus se fait à la vitesse la plus élevée possible sans danger. »

Haldane aboutit ainsi à la création de la remontée par paliers  avec la prise en compte de la pression et de la durée d’exposition pour déterminer la profondeur et le temps des paliers :

« Cette méthode simplifie grandement le problème de la sécurité de la décompression, et supprime de nombreuses difficultés pratiques, en particulier en ce qui concerne la plongée profonde. On peut la qualifier de méthode de décompression par paliers, et elle est décrite comme telle ci-après, bien que sa caractéristique essentielle ne réside pas dans le fait que la décompression est effectuée par paliers, mais en ce qu’elle est rapide jusqu’à ce que la pression absolue soit diminuée de moitié et poursuivie lentement ensuite. »

Tables de Haldane

Premières tables de plongée publiées au monde : les tables de Haldane, 1908 (extrait de la table 1).

Caractéristiques de ces tables

Présentation

Les 10 hypothèses retenues par Haldane

De nombreux sites web diffusent de fausses informations concernant les hypothèses de Haldane. Afin de clarifier ce point, voici les 10 hypothèses réellement retenues par Haldane , avec en référence le numéro de page correspondant à la publication originale de 1908 dans The Journal of Hygiene.

  1. Au niveau des poumons, l’excès d’azote est transmis instantanément au sang (p. 345).
  2. Au niveau des poumons, lors de la décompression, à chaque cycle circulatoire, le sang transmet instantanément aux poumons la proportion d’azote en excès qu’il contient (p. 351).
  3. Au niveau des tissus, l’excès d’azote est transmis instantanément (p. 345).
  4. La pression partielle d’azote dans l’air alvéolaire est la même que dans l’air inspiré (p. 345).
  5. Les tissus ont tous une constitution similaire à celle du sang hormis la graisse, qu’il traite différemment (p. 346).
  6. Un cycle circulatoire a lieu en 1 minute (p. 348).
  7. La courbe de désaturation est miroir de la courbe de saturation (p. 350).
  8. Le rapport de pression ne doit pas dépasser 2 :1 (p. 357). Ce qui correspondrait aujourd’hui à fixer un Sc=2. Haldane fixe un Sc unique pour tous les compartiments.
  9. Les phénomènes de charge et de décharge en azote dans le corps humains peuvent se résumer à 5 compartiments (régions anatomiques factices) dont les périodes (demi-vie) sont : 5, 10, 20, 40 et 75 minutes (p 363).
  10. Le temps de descente est inclus dans le temps de plongée (p. 367). La durée d’exposition virtuelle considérée est la durée d’exposition fond réelle, augmentée de la moitié du temps de descente (p. 350).

Autres apports de Haldane

Au-delà de la création de la décompression par paliers, Haldane se livre, tout au long de la publication, à différents constats fort intéressants :

Public pouvant être intéressé par cette publication

Vous pouvez accéder à la version originale de ce texte, en anglais, parue dans le volume 8 du Journal of HygieneCliquez ici pour y accéder.

Remerciements : Cambridge University Press pour l’autorisation de traduction.

SOMMAIRE

AVANT-PROPOS

INTRODUCTION

Mise en perspective historique, recherches sur la maladie de décompression, des origines à 1908
Les chambres de pression
Les cloches à plonger
Les appareils Triger
Les scaphandres
La recherche s’organise
Paul Bert, père de la physiologie du scaphandrier

PRÉVENTION DE LA MALADIE DE DÉCOMPRESSION

Traduction du texte de Boycott, Damant et Haldane
Introduction

1ère Partie : Théorie

A. Vitesse de saturation du corps en azote pendant une exposition à de l’air comprimé
B. Vitesse de désaturation du corps pendant et après la décompression
C. Limites de la sécurité lors de la décompression
D. Mesures pratiques pour prévenir la maladie de décompression

2ème Partie : Expérimentations

1. Appareils
2. Choix des animaux expérimentaux
3. Échanges respiratoires chez les chèvres
4. Méthodologie de conduite des expérimentations
5. Symptômes observés chez les chèvres
6. Résultats des expérimentations sur les chèvres
7. Différences de sensibilité individuelle, parmi les animaux utilisés, à la maladie de décompression
8. Pathologie de la maladie des caissons chez les chèvres
Résumé
Annexes

BIOGRAPHIE DES AUTEURS

John Scott HALDANE
Guybon Chesney
Castell DAMANT

POSTFACE

Une question, une suggestion, dialoguez avec le traducteur, Alain FORET : cliquez ici.

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