Les paliers profonds

Les paliers profonds sont dangereux à l'air ou au nitrox. Ils augmentent le niveau de bulles et favorisent ainsi les risques d'accidents de désaturation (ADD). Ils doivent être réservés pour les plongées à base d'hélium (héliox, trimix). Pour les plongées à l'air ou au nitrox désactivez cette fonction de votre ordinateur de plongée ou, si c'est impossible, ne les respectez pas (les ordinateurs ne se bloquent pas). N'utilisez pas, à l'air ou au nitrox, des GF asymétriques (ex. 30/70), ils forcent les paliers profonds et doivent être réservés aux plongées à base d'hélium.

Points clefs

Les paliers profonds (Pyle stops, deep stops ou paliers intermédiaires) sont des paliers d’une courte durée, réalisés à demi-profondeur de la profondeur maximum de la plongée. Entrent également dans cette catégorie des paliers plus profonds* que ceux proposés par le modèle de désaturation, du fait de l'utilisation de facteurs de gradient asymétriques (ex. 30/70).

* Workshop – Decompression And The Deep Stop, Salt Palace Convention Center, Salt Lake City, Utah, US, June 24-25, 2008 - Consensus Session, Dr Simon Mitchell, p. 305.

Définitions

Origine des paliers « profonds » : Richard Pyle, années 1990. Biologiste marin qui collectait des poissons par grande profondeur en plongeant aux mélanges (hélium) au large de Hawaï.  S’interrogeant sur son état de fatigue variable selon les plongées, il se rendit compte qu’il était extrêmement fatigué à l’issue des plongées sans avoir trouvé de poissons et qu’il se sentait en bien meilleure forme à chaque fois qu’il avait pu prendre des poissons. En comparant ses profils de plongée, il constata que lorsqu’il remontait avec des poissons, il s’arrêtait régulièrement une à deux minutes au cours de la remontée afin que les poissons puissent libérer une partie du gaz contenu dans leur vessie natatoire, chose essentielle à leur survie.

Les "Pyle stops"

De manière arbitraire, Richard Pyle adoptait la procédure suivante : 1) Calcul normal de sa désaturation et détermination de la profondeur du premier palier. 2) Arrêt d’une ou deux minutes à mi-distance entre le fond et le premier palier proposé par le protocole de désaturation. 3) Recalcul de la désaturation en intégrant le temps du palier profond dans le temps de plongée et ainsi de suite jusqu’à atteindre la zone des 10 m. La pratique des « paliers profonds » trouve donc son origine dans les plongées à l’hélium (trimix, héliox).

Source : Richard Pyle, The importance of deep safety stops: rethinking ascent patterns from decompression dives, SPUMS Journal Vol 27 No.2 June 1997.

La désaturation à base d'azote (air, nitrox) est différente de celle à base d'hélium (trimix, héliox). Lors de plongées à l'air ou au nitrox, le pic de bulles se situe entre 30 et 60 minutes après la sortie de l'eau. Lors de plongées à base d'hélium, les premières bulles apparaissent en profondeur, très rapidement lors de la remontée. Les travaux de la COMEX* sur le sujet  ont fait apparaître la nécessité, à l'hélium, de débuter de courts paliers très profonds, afin d'éviter : - les risques d'ADD de l'oreille interne ; - les risques de bends ; - les risques d'ostéonécrose.

Hélium et azote

*B. Gardette et M. Plutarque, Comex, 50 ans de recherches et d’innovations, 2012

Le jeu de paramètre hélium de Bühlmann (ZH-L 16), utilisé dans les ordinateurs de plongée date de 1986.  Il est donc ancien. Il ne tient pas correctement compte de la nécessité de faire des paliers profonds à l'hélium. D'où l'utilisation, uniquement pour l'hélium, de GF asymétriques de type 30/70 pour forcer les paliers profonds. Cette pratique n'est pas valable à l'azote (air, nitrox).

En résumé

Les paliers dits "profonds", qu'ils soient réalisés par un algorithme additionnel ou par le paramétrage de GF asymétriques (ex. 30/70), constituent une pratique réservée aux plongées à base d'hélium.

Invalidation des paliers profonds à l'azote (air/nitrox)