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Vitesse de remontée : toute une histoire
La vitesse de remontée est essentielle à la prévention des risques d’accidents de désaturation (ADD). Pourtant, sa détermination a souvent été faite de manière arbitraire tout au long de l’histoire de la plongée.
Une remontée lente et uniforme
En 1878, Paul Bert, qui met en évidence le rôle de l’azote dans les accidents de désaturation, propose une désaturation « suffisamment ralentie », de l’ordre de 0,5 m par minute, indépendamment de la profondeur atteinte et du temps de plongée. Il rejoint en cela la « remontée lente et uniforme à 0,5 m/min » préconisée par Heller, Mager et von Schrötter.
De son côté, Denayrouze propose 1 m/min.
« Tandis que le groupe de plongeurs parmi lesquels les accidents sont survenus atteignaient les profondeurs considérables de 45 à 54 mètres […], M. Denayrouze, avec une prudence qui lui fait honneur, avait donné l’ordre de ne pas dépasser 35 mètres, de ne pas séjourner plus de 2 heures 30 minutes, par plongeur et par jour, et enfin de remonter très lentement en mettant une minute par mètre de profondeur. »
M. Leroy de Méricourt, Considérations sur l’hygiène des pêcheurs d’éponges, 1869.
Une remontée plus rapide mais avec des paliers
En 1908, J.-S. Haldane, crée les premières tables de plongée et la remontée par paliers, en fonction temps de plongée et de la profondeur atteinte, avec la préconisation d’une vitesse de remontée de l’ordre de 10 m/min :
- 6 à 8 m/min jusqu’à 20 m de prof. max. ;
- 10 m/min pour les plongées entre 40 et 20 m de prof. max. ;
- 10 à 14 m/min pour les plongées entre 60 et 40 m de prof. max.
Jusqu’en 1957, la vitesse de remontée reste ainsi aux alentours de 8 à 10 m/min.
Les scaphandriers et les hommes-grenouilles
A partir de 1958, une controverse apparaît entre les hommes-grenouilles de l’US-Navy commandés par Francis Douglas Fane (1909-2002) et les plongeurs pieds lourds, les scaphandriers. Les premiers demandent une vitesse de 30 m/min tandis que les seconds restent campés sur une vitesse de remontée de 3 à 6 m/min.
De âpres discussions débouchent sur un compromis purement arbitraire. Il est décidé de définir une valeur médiane :
(30 + 6) / 2 = 18
C’est la vitesse de remontée des tables US-Navy, en vigueur de 1958 à 1993. Cette vitesse est également retenue par les tables RDP-PADI (qui ne sont qu’une adaptation des tables US-Navy) et les tables MN-90 adoptent une valeur proche : 17 m/min (devenue 15 à 17 m/min).
L’époque moderne : 10 m/min
Depuis le workshop Biomechanics of Safe Ascents de 1990, la question ne fait plus débat : la vitesse théorique de 10 m/min (9 à 12 m/min en pratique) est reconnue comme la bonne vitesse de remontée en plongée de loisir, permettant de limiter au mieux le niveau de bulles (détection par effet Doppler).
Les tables US-Navy sont passées à cette vitesse dès 1993 (Manuel US-Navy révision 3 du 15 février 1993).
La plupart des ordinateurs du marché ont suivi ce mouvement.
En savoir plus : Fiche Info Plongée Plaisir sur la (bonne) vitesse de remontée.
© Extrait des livres Plongée Plaisir par Alain Foret aux Editions GAP.
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